Quand on est Monsieur Tout-le-monde, même la légitime défense est dure à faire jouer ... il faut en fait attendre d'en avoir pris plein la gueule avant de se donner le droit de se défendre, si on le peut encore.
Exact !
La notion de légitime défense est, comme tant d'autres choses, assez floue .. Article 122-5 du code pénal.
N'est pas pénalement responsable la personne qui, devant une atteinte injustifiée envers elle-même ou autrui, accomplit, dans le même temps, un acte commandé par la nécessité de la légitime défense d'elle-même ou d'autrui, sauf s'il y a disproportion entre les moyens de défense employés et la gravité de l'atteinte.
N'est pas pénalement responsable la personne qui, pour interrompre l'exécution d'un crime ou d'un délit contre un bien, accomplit un acte de défense, autre qu'un homicide volontaire, lorsque cet acte est strictement nécessaire au but poursuivi dès lors que les moyens employés sont proportionnés à la gravité de l'infraction.
Cette notion de "disproportion" implique que la victime a mesuré l'ampleur de l'agression et a utilisé sciemment des moyens de défense supérieurs à ceux dont dispose l'assaillant. L'agressé devrait juger froidement de la pertinence de toute défense et de la bonne mesure de celle-ci .. ou subir.
Qu'en est-il de la surprise et de l'effroi qui empêchent justement de mesurer objectivement l'étendue de l'attaque ? Qu'en est-il de l'infériorité physique de la victime ? Qu'en est-il du réflexe de survie ?
En France encore plus qu'ailleurs, les petits juges bien à l'abri sur leurs estrades sont enclins à être très durs vis à vis de ceux qui se sont défendu avec succès "comme ils ont pu" et la notion de "flagrance" n'est pas retenue pour qui n'est pas policier.
A méditer aussi ..
Cazeneuve refuse d'aligner la "légitime défense" des gendarmes aux policiers (Emmanuel Berretta .. Le Point .. 02 avril 2015)
Je me souviens, il y a quelques décennies, mon ami flic m'expliquer en quoi il n'était ni souhaitable ni correct d'intervenir sur des intentions, des préparations, et non sur des passages à l'acte. Que la flagrance était capitale. Les flics d'alors faisaient la différence entre un fait et un projet, on savait qu'au moment d'agir, certains se raisonnent, ou flanchent, c'est selon, mais ne passent pas à l'acte. Que l'intention n'est pas l'action. Bien entendu, nos discussions visaient plus sur des préparations de vols, de hold-ups, ce genre de choses (et non du terrorisme, ou d'un pouvoir dictatorial), mais je peux vous dire que les flics formés alors, ceux qui ont le tête bien faite en tout cas, faisaient la différence, et qu'en cela, ils protégeaient les gens.
Ils étaient protégés eux-mêmes, en tant qu'individus comme en tant que citoyens, puisqu'ils pouvaient s'opposer à un ordre illégal. Ils avaient un devoir de désobéissance face à l'ignominie.
Ces nouvelles lois les exposent comme nous tous, à devoir obéir. Et gare aux lanceurs d'alerte !
Selon certains principes religieux, intention et action sont des péchés et donc des fautes punissables ..
.. j'ai péché, en pensée, en parole, par action et par omission ..
Selon les circonstances, même penser serait condamnable.
On en revient très vite à la notion d'implant cérébral qui moucharderait toute "dérive" de la pensée. Pour quand ?
Quant à l'omission ce n'est guère mieux. Omettre de dénoncer ce qu'on pourrait soupçonner d'être un délit est déjà souvent considéré comme une forme de complicité. Et en avant les erreurs de jugement !
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