C'est toujours la même rengaine.
Le SNEP (Syndicat national de l'édition phonographique) publie des résultats, et pleurniche puis trépigne, hurle à la mort. Selon lui, les ventes de musique ont encore chuté de 12,2 % au premier semestre 2008 (par rapport à la même période l'an dernier).
A qui la faute ? Bien entendu aux ennemis de classe, les horribles "pirates" du P2P, ces tueurs de bénéfices éhontés et de contre-culture réunis.
Cette fois le SNEP se sent obligé d'en rajouter quelques couches car la loi HADOPI (loi Création et Internet) approche à grande vitesse. Il lui faut plus que jamais publier des nouvelles dramatisantes et des statistiques arrangées à sa convenance pour manipuler plus aisément les parlementaires et aussi intoxiquer une partie de l'opinion publique.
Les objectifs du SNEP sont fixés depuis longtemps ...
Ce livre blanc sur le peer to peer permet, par des contributions venant d'auteurs aux disciplines variées, de couvrir les volets tant technique et économique que juridique. Et il permet ainsi d'aboutir à des réflexions et des propositions de nature à passer d'un internet dérégulé et incapable de valoriser les contenus à une exploitation régulée des contenus et à la création de valeur.
...
En conclusion, Frédéric Goldsmith évoque des mesures à prendre d'urgence, aussi bien sur le terrain de la régulation qu'en matière de soutien financier.
Sur le terrain de la régulation, il faut notamment :
- désigner une autorité administrative indépendante qui soit chargée de grandes missions liées à la circulation illicite des œuvres sur l'Internet : garantie de mise en œuvre par les opérateurs des outils régulation des flux et des contenus ; surveillance de l'application d'un dispositif adapté de prévention et de sanction des abonnés à l'Internet en cas de téléchargement illicite ; gestion d'un dépôt national d'empreintes d'œuvres pour la régulation des contenus sur les réseau ;
- procéder sans tarder à l'expérimentation des outils techniques existants pour réguler les flux illicites sur les réseaux ;
- mettre en place des objectifs chiffrés de baisse de la piraterie, accompagnés d'outils de mesure de celle-ci sur les réseaux électroniques.
Pourquoi ne pas mentionner à nouveau les chiffres de l'IFPI ?
- Les ventes numériques mondiales : estimation 2007 avec 3 milliards $, soit une hausse de 40% par rapport à 2006 (2,1 milliards $).
- Le nombre de titres téléchargés (y compris les titres issus des albums) a augmenté de 53%, pour atteindre 1,7 milliards de $. C'est aujourd'hui le format numérique le plus populaire.
- Le poids des ventes numériques dans le marché mondial de la musique enregistrée est de 15% contre 11% en 2006 et 0 en 2003. Les téléchargements et la téléphonie mobile représentent 30 % des revenus du marché américain, qui occupe le premier rang mondial en matière de ventes digitales.
- Quant à la part des revenus issus du numérique, l'industrie musicale est en avance sur les autres industries culturelles (hors jeux vidéos). Ces revenus sont largement supérieurs à ceux de la presse (7 %), du cinéma (3%) et de l'édition (2%).
- Il existe aujourd'hui plus de 500 services de musique numérique dans le monde, proposant plus de 6 millions de titres, soit 4 fois le nombre de références d'un mégastore de musique.
Bien entendu, le SNEP insiste sur le fait que les ventes physiques (CD et DVD) ont chuté de 17,7%, à 243 millions d'euros.
Les ventes numériques (internet et téléphonie mobile) sont peut-être en hausse de 56,9% mais seraient toujours loin de compenser l'effondrement du marché. Elles ne représenteraient que 36 millions d'euros (pauvres chéris !).
La dégradation du marché des CDs et DVDs en France serait supérieure à la moyenne mondiale qui ne serait que de -12%.
C'est justement là que le SNEP devrait se poser des questions. Pourquoi les ventes en France sont-elles au plus bas ?
Les "pirates" sont la cible désignée depuis des années, mais les français sont-ils plus arnaqueurs que leurs voisins Espagnols, Italiens, Allemands ou Anglais ?
Non bien sûr, autant peut-être mais pas plus que tous les autres. Dans ce domaine non plus il n'y aura pas de médaille d'or franchouillarde.
Alors quoi?
Il faut en revenir aux mêmes hypothèses et questions ...
- Les français n'en ont-ils pas assez de se voir proposer des CDs et DVDs d'auteurs sans talent ?
- Doit-on les obliger à payer tout un album quand seulement un ou deux titres méritent d'être écoutés ?
- Que feraient-ils des innombrables compilations, des "mix" et "remix" sans intérêt et à répétition ?
- Les "DRMs" qui empêchent toute copie de sauvegarde ne dissuadent-ils pas de plus en plus de monde ?
Messieurs les potentats de la sous-culture, à quoi donc va vous servir réellement la loi HADOPI?
Pourquoi passer outre les condamnations de votre projet de loi par le Parlement Européen, l'Internet Society, la CNIL ... ?
Quels sont vos véritables objectifs et ceux de la ministreuse Christine Albanel, votre complice ?
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