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Risquons-nous de perdre notre mémoire numérique?


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#1 noisette

noisette

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Posté 09 juin 2013 - 09:35


livre_a_envers.jpg

("Non, pas comme ça ...")

 

 

Risquons-nous de perdre notre mémoire numérique?
 
« Les langues sacrées ont laissé lire leur vocabulaire perdu ; jusque sur les granits de Mezraïm, Champollion a déchiffré ces hiéroglyphes qui semblait être un sceau mis sur les lèvres du désert, et qui répondait de leur éternelle discrétion ». Cette phrase de Chateaubriand tirée des Mémoires d’Outre-Tombe  rappelle comment la mémoire d’une civilisation peut rester inaccessible. L’histoire de l’Egypte antique est ainsi restée murée dans les hiéroglyphes pendant 14 siècles. Avec le numérique, sorte d’espéranto mondial apporté par l’informatique, un tel phénomène semble devenu définitivement impossible. En réalité, la situation de l’archivage des quantités astronomiques de données produites par la société d’aujourd’hui pose d’autres problèmes tout aussi ou parfois encore plus épineux que celui auquel s’est confronté Champollion. Avec le risque suprême de la disparition de la pierre de Rosette salvatrice.

 Contrairement aux langues, le numérique se développe dans un contexte beaucoup plus débridé. L’apparence de norme universelle fondée sur les zéros et les uns qui composent le code binaire masque une multitude de pratiques beaucoup moins standardisées. Avec le temps, une part importante de la production numérique actuelle pourrait devenir inaccessible. Des institutions aussi prestigieuses que la Nasa sont déjà confrontées à ce problème. Ainsi, les données datant de la construction des sondes Pionner lancées dans les années 1970 sont devenus illisibles par les équipes du Jet Propulsion Laboratory qui les ont exhumées pour résoudre un problème technique rencontrées par les sondes.

Cet exemple, cité par Sylvain Lumbroso, président de Quadrivium, une association pur la diffusion de la science, illustre parfaitement le thème des rencontres Répliques Art-Science organisées par l’Ircam du 12 au 14 juin 2013 et dont il est l’un des coordinateurs.

Comment échapper au « Digital Dark Age » qui désigne la situation dans laquelle les données électroniques seront devenues illisibles en raison de supports caducs et de formats oubliés ?
Des solutions existent-elles pour éviter le trou noir numérique et assurer la pérennité de l’accès à ces données malgré la permanente évolution des langages informatiques et des normes de protection contre la copie des productions numériques ?
Au contraire, le développement anarchique de l’informatique menace-t-il la mémoire électronique d’une sorte d’ « oubli numérique » ?

 

Science publique, Michel Alberganti
 
:arrow: http://www.francecul...ique-2013-06-07



#2 Txon

Txon

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Posté 09 juin 2013 - 12:04

Salut !

 

De tous temps, une grande partie de la ‘’mémoire’’ a été perdue.

Que reste-t-il des traditions orales, de celle des Celtes par exemple ?

La mémoire écrite aussi s’est détruite au fil des siècles. Si les ‘’manuscrits de la Mer Morte’’ ont été retrouvés en relativement bon état, des millions d’autres ont été définitivement détruits, souvent par la Nature, parfois à cause de l’obscurantisme et de l’intolérance des humains.

 

La ‘’mémoire numérique’’ est comparable à la mémoire écrite et la nature de son support joue pour beaucoup dans sa pérennité. Dans les années 1970 les bandes magnétiques étaient supposées avoir une très longue durée de vie et les budgets pour les sauvegardes étaient souvent insuffisants. Plus récemment les Cds étaient réputés fonctionnels ‘’à vie’’. Comme beaucoup d’autres, je me suis fait piéger et n’ai pas pu récupérer certaines de mes sauvegardes.

Le ‘’Digital Dark Age’’ ne fait que commencer. Pour ‘’garder la mémoire’’ il faudrait ne jamais avoir moins de trois exemplaires de tout document numérique et changer fréquemment le support de chacun. C’est aussi à ça qu’est censé servir le redoutable ‘’cloud’’ auquel je n’ai aucune confiance, sa confidentialité étant tout sauf garantie.

 

Il faut aussi dire que, dans ce qui est la mémoire récente, numérique, il y a une quantité hallucinante de ‘’déchets’’ et d’autres inutilités (sur Facebook et Twitter en particulier) que l’Histoire ne retiendra pas. Il y en a trop et de trop mauvaise qualité intellectuelle. Quel est leur intérêt à travers les siècles même si leurs supports sont encore lisibles, à part pour quelques étudiants en mal de thèses pour leurs études, écrivaillons de pacotille et autres producteurs de scénarios lamentables ou à scandale ?

 

Vous voulez un exemple ?

Je passerai sur les états d’âme des ‘’Mme Michu’’ dont seuls quelques tordus pourraient se régaler (il vaudrait mieux que cette ''mémoire" soit effacée pour que nous ne passions pas trop pour des blaireaux aux yeux des générations futures) .

A quoi servira dans vingt ou trente ans le ‘’topo’’ sur Ubuntu, sauf peut-être à quelque nostalgique comme il peut y en avoir de Windows I ?

 

Pour ce qui présente un évident intérêt, il faudrait des budgets conséquents et/ou un très grand nombre de bénévoles.

Des volontaires dans la salle ?

 

@+


"They who can give up essential liberty to obtain a little temporary safety, deserve neither liberty nor safety."(Benjamin Franklin)


#3 Neuromancien

Neuromancien

    Octozimien

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Posté 09 juin 2013 - 19:34

Il me semblait bien que le titre me disait quelque chose. En fait il est en attente de lecture sur mon MP3.

Il fait partie des liens que je surveille avec l'agrégateur de RSS (Kriss) de mon espace web


"Nous sommes des nains juchés sur des épaules de géants. Nous voyons ainsi davantage et plus loin qu'eux, non parce que notre vue est plus aiguë ou notre taille plus haute, mais parce qu'ils nous portent en l'air et nous élèvent de toute leur hauteur gigantesque." (Bernard de Chartres, XIIe siècle)


#4 Tchim

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Posté 10 juin 2013 - 10:38

Salut,

 

Sur ce thème, voici quelques éléments qui m'ont semblé intéressants :

 

Mémoire numérique : une amnésie programmée ?

 

Si l’information numérique se recopie sans erreur pratiquement à l’infini, aucun support ne peut actuellement garantir la conservation de l’information au-delà de quelques années. Mauvaise manip ou bug du disque dur, obsolescence des matériels et logiciels, vieillissement spontané des supports… notre mémoire n’est plus gravée dans le marbre. Tout objet numérique abandonné à lui-même risque d’être définitivement perdu. Contraint par sa faible espérance de vie, il semble donc condamné à migrer sans cesse vers de nouveaux supports.

http://www.webarchiv...e-compte-rendu/

 

Quelle mémoire pour une civilisation numérique ?

http://www.dailymoti...ed/video/xpzu75

 

L'archivage d'Internet, un défi pour les bibliothécaires :

http://youtu.be/maYtiNcOQEU

 

Que restera-t-il de la mémoire numérique ?

http://passouline.bl...oire-numerique/

 

Vie du document numérique: les atouts de la mutualisation.

 

La Bibliothèque nationale de France (BnF) s'est résolument engagée depuis plusieurs années dans une stratégie d'ouverture et de mutualisation de ses infrastructures et services numériques. Cette mutualisation concerne l'ensemble de la chaîne du document numérique, au sens où elle couvre à la fois le domaine de la numérisation et de la diffusion des documents patrimoniaux ainsi que le domaine de la conservation et de l'archivage des fichiers numériques.

http://technologies....n_a-38-455.html

 

Conserver : le projet SPAR et l'archivage numérique.

 

Au même titre que les manuscrits, imprimés, estampes ou photographies, il est essentiel d'entreposer de manière sécurisée et pérenne les objets numériques en s'appuyant sur un socle solide et performant, SPAR pour Système de Préservation et d'Archivage Réparti.

http://www.bnf.fr/fr...esentation.html

 

BNF numérisation de masse :

http://youtu.be/bKmBm7Ry-GM

 

L'INA et les archives en ligne :

http://youtu.be/nCDEJ1zvCwE

 

Photo numérique : c’est la mémoire qu’on assassine !

Si nous n’y prenons tous garde, photographes amateurs comme professionnels, la dématérialisation totale de l’image risque bien de rendre inexploitables demain les millions d’images que nous réalisons aujourd’hui.

http://www.lalpe.com...quon-assassine/

 

L'ennemi, les bombes EMP :

 

 - sur une zone de conflit militaire, les armées actuelles étant (tout comme les populations) très dépendantes des technologies informatiques et de communication ainsi que de l’énergie électrique, elles seraient bien démunies sans ces aides au combat et à la transmission d’informations.

https://fr.wikipedia...ns.C3.A9quences

http://www.jp-petit....s/EMP_bombs.htm

http://online.wsj.co...main_whats_news


 

@+


Que la paix vous accompagne !


#5 noisette

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Posté 10 juin 2013 - 11:47

ouah, super, merci ! :yes:



#6 snarkhunter

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    Deimosien

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Posté 13 juin 2013 - 12:10

C'est un sujet aussi passionnant qu'alarmant... et malheureusement pas nouveau !

La question de la conservation du "savoir" s'est posée de tous temps. Sauf que les volumes concernés n'ont fait qu'augmenter dans des proportions titanesques au fil du temps.

 

La conservation du "support écrit" (... ou "gravé") reste encore ce qu'on maîtrise le mieux, je crois. Que ce soit pour des documents à lire (du parchemin au simple document imprimé, en passant par les tablettes d'argile ou les micro-fiches, etc), nous disposons des techniques susceptibles de permettre une conservation dans le temps assez longue.

 

Le gros problème, c'est effectivement la numérisation qui les pose désormais. Le plus souvent, c'est parce que, si le support sur lequel l'information est présente peut se trouver encore utilisable (ce qui n'est d'ailleurs jamais garanti non plus), c'est plutôt la survie du matériel indispensable pour en lire le contenu qui peut alors se poser ! Les gens qui, comme moi, ont encore chez eux d'antiques disquettes 5.25" (... voire 8" !), mais plus aucune machine pour les lire, en savent quelque chose !

 

Je me rappelle les débuts du CD, puis du DVD, lorsqu'on nous promettait un support virtuellement inaltérable. On en est revenu depuis longtemps : tout le monde sait aujourd'hui que ces supports se dégradent eux aussi au fil du temps. Et je me rappelle encore très bien les quelques CD originaux de ma collection que j'ai perdus à cause du phénomène d'oxydation ("CD-rot") qui se produit parfois.

 

En matière numérique, seule la démultiplication des copies peut assurer une relative "sécurité" (mais toujours sous réserve de l'existence du matériel pour les exploiter). Mais cela signifie-t-il que nous sommes condamnées à la "redondance éternelle" pour espérer avoir une chance sérieuse de préserver notre mémoire ?

 

Le support magnétique est de toute façon le moins fiable des supports que l'Homme ait jamais utilisé. On sait parfaitement, et depuis longtemps, qu'en cas de conflit militaire important, une grande partie des données conservées sous cette forme risquerait d'être détruite par des attaques électro-magnétiques à haute altitude : adieu veau, vache, cochon, couvée !

 

Et le support papier est lui aussi relativement fragile. Il faut des dispositifs coûteux pour préserver et maintenir d'anciens manuscrits dans un état qui, de toute façon, ne permet plus leur utilisation au quotidien.

 

Il semble donc probable que l'on doive imaginer et développer de nouvelles technologies, peut-être en utilisant par exemple les propriétés de certains métaux ou pierres précieuses ? D'un point de vue (très) théorique, on pourrait par exemple coder de très longs documents à partir d'une simple marque sur un objet solide d'une longueur donnée. Mais se pose alors toujours le même problème : celui de la conservation du matériel permettant la lecture et l'exploitation du support sur lequel les données elles-mêmes sont stockées.

 

Et si, du jour au lendemain, tous les livres disparaissaient de la Terre ? Et si tous les ordinateurs cessaient de fonctionner au même instant ? De quelle façon l'Humanité recommencerait-elle à se construire une nouvelle "mémoire" ?



#7 Tchim

Tchim

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Posté 15 décembre 2013 - 09:59

Un million d'images issues de livres des 17ième, 18ième et 19ième siècles scannés par la "British Library (lien via Sebsauvage) :

http://sebsauvage.net/links/?kaXNdg


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