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Le mythe de la fin du progrès


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#1 Th-Crown

Th-Crown

    Martien

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Posté 12 novembre 2013 - 14:33

Cette chronique du Huffington Post  sur le mythe de la fin du progrès m'a fait réagir.

 

"La croissance économique a besoin de science

La croissance est la seule réponse positive à une crise de l'endettement. Les politiques de croissance figurent donc très haut dans l'agenda d'un monde occidental, caractérisé par l'expansion mal contrôlée de ses dettes publiques et privées.

Or, sur le long terme, la croissance économique est toujours inséparable du progrès de la science. Dans Civilization, Nyall Ferguson estime même que la science est l'une des six killer apps ayant permis la domination de l'Occident depuis la Renaissance.
Des économistes questionnent pourtant, aujourd'hui, la contribution future des progrès scientifiques à la croissance.

La macro et la micro-économie contre la science ?

D'un point de vue macro-économique, Robert Gordon estime que les 250 dernières années constituent un épisode unique de l'histoire de l'humanité. Il fonde sa réflexion sur l'étude des trois grandes révolutions industrielles (machine à vapeur, électricité et pétrole, internet). Sa conclusion est que la deuxième révolution industrielle est à l'origine du plus grand nombre d'inventions dérivées (avions, urbanisation, réseaux, air conditionné, etc.) et des plus grands gains de productivité, alors que la croissance a, au contraire, baissé depuis 1970 (sauf dans la période 1996-2004). Il estime que la croissance, désormais accessible à l'écrasante majorité (les fameux 99%) de la population, pourrait être limitée à 0,5% par an aux États-Unis en raison d'une série de facteurs négatifs : démographie, faiblesse du système éducatif, inégalités croissantes, baisse du pouvoir d'achat des classes sociales exposées à la mondialisation, contraintes environnementales et ampleur des ressources consacrées au service de la dette.

D'un point de vue micro-économique, Andrew Smithers observe la moindre importance des investissements dans les entreprises américaines (en 40 ans, le ratio d'investissements sur l'argent retourné aux actionnaires a été ainsi divisé par 5). Selon l'auteur, qui se fonde également sur des publications académiques de 2004 et 2013, les incitations des cadres des grandes entreprises (bonus liés au cours de la bourse, options sur actions) les dissuadent d'investir à long terme. Difficile d'imaginer de nouvelles applications de la science à l'industrie sans investissements...

La nécessité de politiques publiques volontaristes

Qu'en déduire ?

D'abord, que les conclusions de Gordon sont discutables. Elles ne concernent que les États-Unis et ignorent le développement des pays émergents. En Occident, la révolution industrielle elle-même ne prend son essor que lorsqu'une invention trouve une application de masse dans une société prête à l'accueillir. Inventée en 1679, la machine à vapeur ne change son époque que lorsqu'elle est appliquée à l'industrie textile et à la locomotive. Découverte dès 1600, l'électricité ne donnera lieu à des applications industrielles que lorsqu'il devint possible de la produire et surtout de la transporter efficacement, à partir de 1880. Nous ne connaissons donc aujourd'hui sans doute qu'une petite partie des applications de l'informatique. Les grands acteurs contemporains du secteur sont presque toujours des sociétés récentes, comme Google, dont on peut penser qu'elles n'ont pas épuisé leur potentiel d'innovation.

Ensuite, que les politiques publiques ne doivent pas considérer que le progrès modifiera naturellement la donne économique. Les arguments structurels de Gordon demeurent valides. Les gouvernements doivent favoriser un écosystème de création d'entreprises développant des technologies de rupture. Il n'est, en effet, pas certain que les sociétés établies, celles qui sont capturées par les statistiques, soient celles qui conduiront l'innovation et la croissance économique. Les travaux publiés par Josh Lerner soulignent d'ailleurs que ce sont les sociétés récentes (celles de moins de 3 ans, et, singulièrement, celles qui sont financées par le capital-risque) qui sont les plus créatrices d'emploi aux États-Unis.

En ce qui concerne la croissance (la question des inégalités et de la cohésion sociale mériterait un développement séparé), la conclusion de ce billet est la suivante :

  1. Le développement de la recherche fondamentale a besoin du long terme. Il est de la responsabilité de l'État de la financer, car il est le seul capable de le faire.
  2. Le développement des entreprises de rupture technologique a aussi besoin de long terme, car ces firmes ne distribueront pas de dividendes avant longtemps. Le capital privé est sans doute le mieux placé pour les identifier et les financer.
  3. Encore faut-il qu'il existe! Le capital privé investi à très long terme (dans des sociétés de capital-risque) demeure l'apanage des fonds de pension, des grandes fortunes privées et des fonds souverains (!) émergents. Il importe que les États adoptent les règles et les circuits de financement qui permettront de le rassembler et de l'activer.
  4. Cela ne suffira pas, car l'investissement à risque réclame aussi de l'expertise, de l'expérience, une compréhension réciproque de l'univers de la recherche universitaire et une gouvernance apte à prévenir les conflits d'intérêts.

Vaste programme, sans doute, mais avons-nous vraiment le choix ? Faute de certitude sur l'évolution de la science, le rôle de l'État est de favoriser la relation entre la recherche fondamentale et ses applications industrielles. Il ne lui est pas demandé d'apporter des capitaux ni ne détecter le futur Apple, mais d'assurer sa mission essentielle de réassurance de l'avenir en permettant à l'investissement à long terme de se déployer. Il s'agit d'abord, ici, d'articuler une vision positive de l'avenir. Plus prosaïquement, il importe surtout de modifier l'architecture des systèmes d'épargne et des réglementations (sociale, fiscale et comptable) qui favorisent systématiquement la liquidité et le court terme."

 

Voici quelques réflexions personnelles en vrac :

- est-il judicieux d'être amoureux de courbes de croissances ? Surtout des croissances incontrôlables, impossible à diriger (on voit où en est la planète et son environnement).

- Il est en effet, important de penser à long terme, et malheureusement, il semble que cela ne soit plus le cas. On veut des rendements rapides, sur du court terme. Même les politiques sont incapables de penser vraiment à long terme.

- La recherche fondamentale, est à la base de la science. Or, il semble qu'elle soit de plus en plus minorée sur le plan de l'importance et des financements. Pour des raisons de rentabilité immédiate.

- Le rôle de l'État est primordiale pour orienter l'activité économique et l'aider. La politique américaine d'après le crash boursier de 1929, inspirée des théories de Keynes l'a bien montrée. Mais il est vrai que pour un capitalisme qui n'aime pas subir de garde-fous, ni de règles, il est aisé d'oublier cet aspect, et de discréditer Keynes. Mais ce même capitalisme est le premier à appeler au secour comme en 2008.

- La question de la dette est particulière. Voyez le cas des USA, qui ont la plus grosse dette du monde, mais qui ne rembourseront jamais, et tout le monde le sait, eux en premier. Et d'ailleurs les Américains s'en moquent, car ils savent que personne ne peut les laisser s'écraser, car la chute serait générale.



#2 Drannoc

Drannoc

    Deimosien

  • Zimien
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Posté 13 novembre 2013 - 10:11

Cette chronique du Huffington Post  sur le mythe de la fin du progrès m'a fait réagir.

 

"La croissance économique a besoin de science

La croissance est la seule réponse positive à une crise de l'endettement. Les politiques de croissance figurent donc très haut dans l'agenda d'un monde occidental, caractérisé par l'expansion mal contrôlée de ses dettes publiques et privées.

Or, sur le long terme, la croissance économique est toujours inséparable du progrès de la science. Dans Civilization, Nyall Ferguson estime même que la science est l'une des six killer apps ayant permis la domination de l'Occident depuis la Renaissance.
Des économistes questionnent pourtant, aujourd'hui, la contribution future des progrès scientifiques à la croissance.

La macro et la micro-économie contre la science ?

D'un point de vue macro-économique, Robert Gordon estime que les 250 dernières années constituent un épisode unique de l'histoire de l'humanité. Il fonde sa réflexion sur l'étude des trois grandes révolutions industrielles (machine à vapeur, électricité et pétrole, internet). Sa conclusion est que la deuxième révolution industrielle est à l'origine du plus grand nombre d'inventions dérivées (avions, urbanisation, réseaux, air conditionné, etc.) et des plus grands gains de productivité, alors que la croissance a, au contraire, baissé depuis 1970 (sauf dans la période 1996-2004). Il estime que la croissance, désormais accessible à l'écrasante majorité (les fameux 99%) de la population, pourrait être limitée à 0,5% par an aux États-Unis en raison d'une série de facteurs négatifs : démographie, faiblesse du système éducatif, inégalités croissantes, baisse du pouvoir d'achat des classes sociales exposées à la mondialisation, contraintes environnementales et ampleur des ressources consacrées au service de la dette.

D'un point de vue micro-économique, Andrew Smithers observe la moindre importance des investissements dans les entreprises américaines (en 40 ans, le ratio d'investissements sur l'argent retourné aux actionnaires a été ainsi divisé par 5). Selon l'auteur, qui se fonde également sur des publications académiques de 2004 et 2013, les incitations des cadres des grandes entreprises (bonus liés au cours de la bourse, options sur actions) les dissuadent d'investir à long terme. Difficile d'imaginer de nouvelles applications de la science à l'industrie sans investissements...

La nécessité de politiques publiques volontaristes

Qu'en déduire ?

D'abord, que les conclusions de Gordon sont discutables. Elles ne concernent que les États-Unis et ignorent le développement des pays émergents. En Occident, la révolution industrielle elle-même ne prend son essor que lorsqu'une invention trouve une application de masse dans une société prête à l'accueillir. Inventée en 1679, la machine à vapeur ne change son époque que lorsqu'elle est appliquée à l'industrie textile et à la locomotive. Découverte dès 1600, l'électricité ne donnera lieu à des applications industrielles que lorsqu'il devint possible de la produire et surtout de la transporter efficacement, à partir de 1880. Nous ne connaissons donc aujourd'hui sans doute qu'une petite partie des applications de l'informatique. Les grands acteurs contemporains du secteur sont presque toujours des sociétés récentes, comme Google, dont on peut penser qu'elles n'ont pas épuisé leur potentiel d'innovation.

Ensuite, que les politiques publiques ne doivent pas considérer que le progrès modifiera naturellement la donne économique. Les arguments structurels de Gordon demeurent valides. Les gouvernements doivent favoriser un écosystème de création d'entreprises développant des technologies de rupture. Il n'est, en effet, pas certain que les sociétés établies, celles qui sont capturées par les statistiques, soient celles qui conduiront l'innovation et la croissance économique. Les travaux publiés par Josh Lerner soulignent d'ailleurs que ce sont les sociétés récentes (celles de moins de 3 ans, et, singulièrement, celles qui sont financées par le capital-risque) qui sont les plus créatrices d'emploi aux États-Unis.

En ce qui concerne la croissance (la question des inégalités et de la cohésion sociale mériterait un développement séparé), la conclusion de ce billet est la suivante :

  1. Le développement de la recherche fondamentale a besoin du long terme. Il est de la responsabilité de l'État de la financer, car il est le seul capable de le faire.
  2. Le développement des entreprises de rupture technologique a aussi besoin de long terme, car ces firmes ne distribueront pas de dividendes avant longtemps. Le capital privé est sans doute le mieux placé pour les identifier et les financer.
  3. Encore faut-il qu'il existe! Le capital privé investi à très long terme (dans des sociétés de capital-risque) demeure l'apanage des fonds de pension, des grandes fortunes privées et des fonds souverains (!) émergents. Il importe que les États adoptent les règles et les circuits de financement qui permettront de le rassembler et de l'activer.
  4. Cela ne suffira pas, car l'investissement à risque réclame aussi de l'expertise, de l'expérience, une compréhension réciproque de l'univers de la recherche universitaire et une gouvernance apte à prévenir les conflits d'intérêts.

Vaste programme, sans doute, mais avons-nous vraiment le choix ? Faute de certitude sur l'évolution de la science, le rôle de l'État est de favoriser la relation entre la recherche fondamentale et ses applications industrielles. Il ne lui est pas demandé d'apporter des capitaux ni ne détecter le futur Apple, mais d'assurer sa mission essentielle de réassurance de l'avenir en permettant à l'investissement à long terme de se déployer. Il s'agit d'abord, ici, d'articuler une vision positive de l'avenir. Plus prosaïquement, il importe surtout de modifier l'architecture des systèmes d'épargne et des réglementations (sociale, fiscale et comptable) qui favorisent systématiquement la liquidité et le court terme."

vomi.gif

 

Soyons bref

 

pipi.gif

 

Précis

 

0025.gif

 

Concis

 

ça fait des décennies qu'on nous défèque ces  image.jpg

 

qu'on tente de nous faire prendre pour des 5hoz68pm.jpg

 

On voit bien la différence... Je trouve...

 

Les problèmes sont ailleurs.

 

"Les bénéfices sont privatisés, les pertes socialisées".

 

Les preuves sont permanentes, à l'image du sauvetage des banques en 2007/2008, par exemple, où l'on nous a gentiment, aimablement, pédagogiquement, expliqué qu'il était littéralement vital de les sauver, pour le bien-être de la population.

La banque "Société Générale" avait quand même fait environ 1 milliard d'euros de bénéfices en 2007 (malgré les presque 5 milliards de perte sur les marchés à cause de l'un de ses traders), et 2 milliards en 2008.

 

Voilà où on en est.


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#3 Th-Crown

Th-Crown

    Martien

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Posté 13 novembre 2013 - 13:21

Ces grandes banques, on a tellement bien déclaré qu'il était vital de les sauver qu'elles peuvent maintenant refaire les mêmes conneries car elles ne risquent rien. Rien n'a changé depuis 2008. Toujours la même spirale, jusqu'à un effondrement final qui devrait survenir.



#4 Tchim

Tchim

    A vos souhaits !

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Posté 13 novembre 2013 - 16:33

"Les bénéfices sont privatisés, les pertes socialisées".
 
Tu as tout dit dans cette phrase, vraiment rien à ajouter (mais ça fait mal)

Que la paix vous accompagne !




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