Posté 17 mai 2009 - 13:21
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Bushiman II se réveilla avec difficulté. Il avait la tête pleine d'un bourdonnement lancinant. Il lui faudrait arrêter de fumer ce mélange d'herbes que lui préparait l'Indien. Une fois de plus, il avait sans doute cauchemardé. Il vit un papillon de nuit agrippé au mur non loin de son lit mais pas de trace de testicule. Il faisait trop chaud.
Comme un somnambule, il s'approcha de la fenêtre entrouverte. Il faisait jour mais la rue était pleine de fumées. Des flammes s'élevaient du bâtiment en face. Des gens sanguinolents hurlaient et couraient ou titubaient dans la rue. Sous la fenêtre, devant l'entrée un homme tambourinait à la porte et glapissait comme un dément. Bushiman II reconnut le crâne chauve et le ventre proéminent du commissaire de police. Son costume sur mesure fumait. Il avait bien un coupe-papier dans une main et hurlait qu'on lui ouvrit. Bushiman II savait que les petites vieilles qui habitaient l'immeuble n'en feraient rien. Elles étaient bien trop trouillardes. Quand à lui, c'est avec plaisir qu'il ne viendrait pas à l'aide du flicard.
Puis vint la question : qu'est-ce qui était cauchemar ou réalité ? Avant ou maintenant ?
Bushiman II se pinça puis s'envoya deux gifles. Il ne rêvait pas ou plus. Levant la tête il aperçut au loin des bananes volantes qui lâchaient des sortes d'étrons. Il y avait des explosions partout. Et merde ! Ces cons se faisaient la guerre.
Il fallait se tirer de là au plus vite. Pas question cependant de filer par l'escalier et la porte d'entrée où se trouvait le commissaire. Le toit ou la cour intérieure et l'immeuble derrière en fracassant une vitre ? Il tenterait par la cour pour commencer.
En hâte il prépara son gros sac à dos où une toile de tente anti-moustiques et infra-rouge ainsi que quelques outils et accessoires étaient déjà accrochés. Vite : le dossier des documents compromettants pour le maire, le député, le président du tribunal, et d'autres grosses légumes de la région, du petit linge de rechange, un jean, quelques teeshirts bariolés, une paire de tennis, une gourde d'eau, trois petits lingots d'or d'un kilo, deux boites de conserves, son second portable, le Glock G19, ses accessoires et des boites de cartouches, son blouson de pilote fétiche. Re-merde : il n'avait plus de chocolat. Re-re merde, le sac était déjà bourré à craquer et devait peser plus de trente kilos.
La chaleur devenait insupportable. Sur son teeshirt poisseux de transpiration, il enfila son pantalon de toile noire, le blouson à poches mutiples du même ensemble et ses groles de marche de la même couleur. Il récupéra sa Breitling et son porte-feuilles. A sa ceinture il suspendit son poignard de commando et son masque à gaz d'un côté, sa vielle Uzi SMG et trois chargeurs de rechange de l'autre. Dans une poche de son blouson il glissa son iPhone et ses clés USB. Dans une autre il mit sa corde à piano et la bourse de pièces de 20$ or qu'il avait "empruntée" au maire lors du casse de sa villa en même temps que les lingots et le dossier. Autour du coup il suspendit un chapelet de grenades, quatre à fragmentation et autant à surpression, deux incendiaires.
Il était prêt, il fallait filer. Il fallait qu'il retrouve ce gros naze de l'Echo l'Eau. C'était un bon à rien, un emmerdeur, une fiotte, mais il avait réussi à lui taper sa matraque électrique et 100$. Il devrait lui rendre tout ça. Un dernier geste, lancer un cocktail molotov enflammé sur les quatre autres qui attendaient patiemment dans un coin de la chambre. Pas question de laisser la moindre trace derrière lui.
@+
"They who can give up essential liberty to obtain a little temporary safety, deserve neither liberty nor safety."(Benjamin Franklin)
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